Hérodote d'Halicarnasse : Histoires tome 1

HÉRODOTE D'HALICARNASSE
Histoires tome 1
Livres 1 à 4
Jean de Bonnot Editeur.

Livre Premier dédié à la muse Clio. (p11)

I (p12) : Les Phéniciens ont enlevé l'argienne (grecque) Io;
II (p12) : alors les Crétois ont enlevé Europe à Tyr en Phénicie et Médée.
III (p13) : 2 générations plus tard, Paris fils de Priam enlève Hélène
IV (p13) : Du coup les Grecs ont fait la guerre aux perses.
VI (p14) : Crésus domina plusieurs peuples.
VII (p15) : Sa famille a succédé aux Héraclides, qui régnèrent sur Sardes de Agron à Candaule.
VIII (p16) : Candaule demande à son gardien de regarder la reine nue pour apprécier sa beauté.
IX (p16) : Candaule invente un stratagème.
X (p17) : Gigès s'exécute mais ne se fait voir.
XI (p17) : La reine lui propose de tuer le roi ou de mourir.
XII (p18) : Gygès tu Candaule et prend sa femme et le royaume.
XIII (p19) : Le peuple l'accepta car l'oracle le confirma roi de Lydie.
XIV (p19) : Gygès fit des dons à Delphes et conquit la ville de Colophon.
XVIII (p21) : Guerre contre les Érythréens.
XXIII (p23) : Les Corinthiens (et les Lesbiens sont d'accord avec eux) rapportent que de son temps (Périandre) on vit un très grand prodige : Arion de Méthymne porté par un dauphin jusqu'à Ténare.
XXV (p25) --> XCII (p70) : Crésus.
CLXXVIII (p121) : Babylone.
CCI (p137) : Cyrus et les Massagètes.
CCVI (p145) : La durée de leur vie (Massagètes) n'est point limitée, mais lorsqu'un homme a vieilli, tous ses parents se réunissent et le sacrifient. Avec lui, ils immolent diverses têtes de bétail, ils mettent bouillir ensemble toutes les chairs et en font un festin. Cette manière de finir leur paraît la plus heureuse; mais ils ne mangent pas ceux qui meurent de maladie; ils les inhument et pensent que c'est pour eux un malheur de n'avoir pas atteint l'âge ou l'on est sacrifié. Ils n'ensemencent point.


Livre deuxième dédié à la muse Euterpe. (P147)

Éthiopie.
XI (p153) : Or, je pense que, dans l'origine, l'Égypte a du être un golfe de ce genre, portant jusqu'en Éthiopie les eaux de la mer du nord (La Méditerranée), tandis que celui de l'Arabie dont je viens de parler, portait justement jusqu'en Syrie les eaux de la mer du midi (L'océan Indien); tous les deux voisins, creusant chacun de son coté dans les terres, à peine séparés l'un de l'autre.
XII (p154) : … et généralement le sol de l'Égypte qui ne ressemble ni à celui de l'Arabie qu'elle touche, ni à celui de la Libye, ni à celui de la Syrie (car les Syriens habitent en Arabie les bords de la mer), mais qui est noir et friable, comme du limon, comme une alluvion entraînée de l'Éthiopie par le fleuve, tandis qu'à notre connaissance le sol de la Libye est plus rouge, plus sablonneux, et celui de l'Arabie ou de la Syrie plus argileux, plus caillouteux.
XXII (p160) : … le Nil provient de la fonte des neiges; un fleuve qui de la Libye coule au milieu de l'Éthiopie pour tomber en Égypte!…
XXVIII (p163) : … les sources du Nil jaillissent d'un abîme sans fond. La moitié des eaux descend en Égypte, du côté du nord, l'autre moitié en Éthiopie du côté du sud. Une expérience du roi Psammitique a prouvé que ces sources sortent d'un abîme sans fond …
XXIX (p164) : Immédiatement au-dessus d'Éléphantine, la contrée est habitée par les Éthiopiens; toutefois une moitié de l'île est peuplée d'Égyptiens. Elle touche toutefois à un grand lac entouré d'Éthiopiens nomades;… en 12 jours de navigation, on atteint une grande ville dont le nom est Méroé, laquelle est, dit-on, la métropole du reste des Éthiopiens. En cette ville, ils adorent, seuls de tous les dieux, Jupiter et Bacchus; ils leur rendent de grands honneurs, et Jupiter y a un oracle. Ils prennent les armes lorsque le dieu le leur ordonne, et il porte la guerre ou il l'a commandé.
XXX (p165) : … les Automoles (transfuges). Le nom de ce peuple, en sa langue est Asmach, et ce mot veut dire en grec : ceux qui se tiennent à la gauche du roi. Voici l'origine des Automoles : deux cent quarante mille guerriers égyptiens se révoltèrent et passèrent chez les Éthiopiens, à cause du motif suivant. Sous le règne de Psammitique, il y avait des garnisons à Éléphantine contre les Éthiopiens, à Daphné-Pélusienne contre les Arabes et les Syriens, enfin à Marée contre les Libyens….Or personne ne vint relever les Égyptiens qui avaient achevé leur service de trois ans. Ils se concertèrent donc et, d'un commun accord, abandonnèrent Psammitique pour se rendre chez les Éthiopiens. Psammitique l'apprenant les poursuivit; lorsqu'il les eut atteint, il les supplia longuement de ne point abandonner leurs dieux, ni leurs enfants, ni leurs femmes. Alors l'un d'eux, dit-on, lui montrant ses parties naturelles, répondit que, partout où elles seraient, il y aurait pour eux des femmes et des enfants. Arrivés en Éthiopie, ils se donnèrent eux-mêmes au roi de cette contrée qui, en échange, leur fit ce don : certains Éthiopiens avaient formé un parti, le roi ordonna aux Égyptiens de les expulser, puis d'habiter leur territoire. Depuis leur émigration chez les Éthiopiens, ceux-ci devinrent plus civilisés, parce qu'ils apprirent les coutumes de l'Égypte.
XLII (p174) : Pour ce motif, les Égyptiens font la statue de Jupiter avec une face de bélier. Les Ammoniens les ont imités (ce sont des colons de l'Égypte et de l'Éthiopie, leur langue tient de celle des deux contrées); selon moi, c'est à cette circonstance qu'ils doivent leur nom, car les Égyptiens donnent le nom d'Ammon à Jupiter. Les Thébains donc ne sacrifient pas de béliers, et, à cause de cette tradition, ils les considèrent comme sacrés; une seule fois par an, le jour de la fête de Jupiter, ils en immolent un; ils l'écorchent, et ils revêtent de sa toison la statue du dieu, devant laquelle ils traînent celle d'Hercule. Cette cérémonie accomplie, tous les prêtres du temple se portent à eux-mêmes des coups, en signe de deuil, à cause de la mort du bélier; enfin ils l'inhument dans une chambre sacrée.
LXXXVI (p198) : ….Ensuite, avec une pierre éthiopienne aiguisée, ils (les embaumeurs) fendent le flanc, font sortir tous les intestins de l'abdomen,…
C (p207) : Les prêtres m'ont ensuite énuméré, d'après un livre, trois cent trente noms d'autres rois, successeurs de Ménès. Dans cette longue suite de générations, il y eut dix-huit rois éthiopiens et une reine de naissance égyptienne, de même que tout le reste des rois.
CIV (p209) : …; seuls de tous les hommes, les Colchidiens, les Égyptiens et les Éthiopiens ont dès l'origine été circoncis. …. Mais de ceux-ci (les Égyptiens) et des Éthiopiens, je ne puis dire lesquels ont transmis aux autres cet usage, évidemment très ancien des deux côtés.
CVI (p210) : … des colonnes que le roi Sésostris a dressées…Des deux côtés, l'homme est représenté haut de cinq spithames, ayant dans la main droite une lance, dans la gauche un arc; le reste de l'équipement à l'avenant, car il tient de l'égyptien et de l'éthiopien;…
CX (p212) : Ce roi (Sésostris) fut le seul Égyptien qui régna sur l'Éthiopie; il a laissé, comme monuments, les statues de pierre qu'on voit devant le temple de Vulcain, la sienne propre, celle de sa femme, toutes deux de trente coudées, et celles de ses quatre fils, chacune de vingt coudées.
CXXVII (p227) : Chéops … régna cinquante ans; après sa mort son frère Chéphren hérita de la royauté … il bâtit une pyramide … le premier gradin en pierres marbrées d'Éthiopie…
CXXXIV (p231) : Ce roi (Mycérinus) aussi laissa une pyramide, beaucoup moindre que celle de son père; pareillement quadrangulaire, elle n'a de chaque côté que trois plèthres moins vingt pieds, et est construite moitié en pierre d'Éthiopie.
CXXXVII (p233) : Après lui, selon les prêtres, régna un aveugle de la ville d'Anysis (1006 av.j.c.), nommé lui-même Anysis. Sous ce règne, les Éthiopiens et leur roi Sabacos envahirent l'Égypte avec une grande armée. L'aveugle s'enfuit et se réfugia dans les marais; l'Éthiopien régna sur l'Égypte cinquante ans; il mit en pratique ce qui suit : lorsque l'un des Égyptiens commettait un crime, il ne voulait faire périr aucun d'eux, il jugeait le coupable selon la gravité de sa faute, et le condamnait à exhausser sa ville natale en y amoncelant de la terre. Ainsi les villes devinrent plus hautes encore qu'elles ne l'étaient. Le sol avait d'abord était exhaussé sous Sésostris par ceux qui avaient creusé les canaux; sous l'Éthiopien, elles atteignirent leur élévation actuelle.
CXXXIX (p234) : Les prêtres rapportent ainsi la cause du départ de l'Éthiopien : pendant son sommeil, il eut une vision telle qu'il résolut de s'enfuir; il lui sembla qu'un homme, se tenant auprès de lui, l'exhortait à réunir tous les prêtres de l'Égypte et à les couper par le milieu du corps. Or, ajoutent-ils, après avoir eu cette vision, il pensa que les dieux avaient simulé ses ordres, afin qu'ayant commis un sacrilège envers les choses saintes, il s'attirât quelque malheur, de la part des dieux eux-mêmes ou de la part des hommes. Il se décida donc à ne le point exécuter et au contraire à partir, puisque le temps pendant lequel il lui avait été prédit qu'il règnerait sur l'Égypte était écoulé. En effet, lorsqu'il était encore en Éthiopie, les oracles dont se servent les Éthiopiens lui apprirent qu'il devait régner cinquante ans sur l'Égypte; comme ce nombre d'années était accompli et que sa vision l'avait troublé, Sabacos partit volontairement.
CXL (p235) : Lorsque l'Éthiopien eut quitté l'Égypte, l'aveugle régna de nouveau, quittant le marais ou il avait résidé cinquante ans…
CXLVI (p239) : Mais les Grecs racontent de Bacchus qu'aussitôt né, Jupiter le cousit dans sa cuisse et l'emporta à Nysa, qui est au-dessus de l'Égypte et de l'Éthiopie;
CLII (p244) : Or ce Psammitique avait fui jadis devant l'Éthiopien Sabacos qui avait tué son père Nécos. Il était réfugié en Syrie lorsque l'Éthiopien partit à cause de la vision d'un songe, et ceux des Égyptiens qui habitaient le nome de Sais le ramenèrent.
CLXI (p249) : Psammis, après avoir régné seulement une année et avoir fait une expédition en Éthiopie, mourut laissant le trône à son fils Apriès.
CLXXVI (p258) : Amasis consacra encore, dans tous les autres temples célèbres, des œuvres dignes d'admiration par leur grandeur et entre autres, à Memphis, la statue colossale que l'on voit couché à la renverse, devant le temple de vulcain; elle a soixante-quinze pieds de long, et sur la même base sont érigés deux colosses de pierre d'Éthiopie, hauts chacun de vingt pieds, l'un d'un côté du temple, le second de l'autre côté.

Autre.
LXXXIX (p200) : Lorsque les femmes des hommes illustres meurent, on ne les donne pas immédiatement à embaumer, non plus que celles qui ont étaient belles ou considérées, mais après le troisième ou quatrième jour on les livres aux embaumeurs. On prend cette précaution de peur que ceux-ci ne s'unissent à ces femmes, car l'un d'eux, dit-on, a été surpris souillant le corps frais d'une femme décédée, et son compagnon en a porté l'accusation contre lui.
CXXIII (p224) : …(les Égyptiens) sont les premiers qui aient parlé de cette doctrine selon laquelle l'âme de l'homme est immortelle et, après la destruction du corps, entre toujours en un autre être naissant. Lorsque, disent-ils, elle a parcouru tous les animaux de la terre et de la mer et tous les oiseaux, elle rentre dans un corps humain; le circuit s'accomplit en trois mille années.
CXLIV (p238) : Orus (Apollon) fils d'Osiris (Bacchus).
CXLIX (p242) : 3600 stades = 60 Schènes ; 60 Stades = 1 Schènes ;
100 brasses = 1 stade de 6 plèthres ; 1 brasse = 6 pieds = 4 coudées = 24 palmes;
1 pied = 4 palmes ; 1 coudée = 6 palmes
CLVI (p247) : Cérès (Isis) et Bacchus (Osiris) ont eu deux enfants Apollon (Orus) Diane (Bubaste)


Livre troisième dédié à la muse Thalie. (p263)

Éthiopie.
XVII (p274) : Cambyse projeta ensuite trois expéditions : contre les Carthaginois, contre les Ammoniens, et contre les Éthiopiens-Macrobes (qui vivent longtemps), lesquels habitent la Libye, sur la mer du sud-ouest. Dans ce dessein, il résolut d'équiper une flotte contre les premiers, d'attaquer les seconds par la terre, avec une troupe d'élite, et d'envoyer d'abord chez les Éthiopiens des espions pour voir la table du soleil, que l'on disait être en leur contrée, si véritablement elle existait, et pour y observer toutes les affaires, en se couvrant du prétexte d'offrir des présents au roi
XVIII (p274) : Voici, dit-on, ce qu'est la table du soleil : c'est une prairie dans un faubourg, couverte de chairs rôties de tous les quadrupèdes comestibles; pendant la nuit, ceux à qui ce soin est commis les y transportent, après les avoir reçues des citoyens, chacun selon la part pour laquelle il doit contribuer. Au jour, le premier venu peut en faire son repas, et l'opinion s'est répandue, dans la contrée, que c'est la terre elle-même qui fournit chaque fois ce présent. Cette table du soleil, comme on l'appelle, est, dit-on, telle que je la décris.
XIX (p275) : Cambyse, aussitôt qu'il eut résolut d'expédier des espions, envoya chercher à Éléphantine des Ichthyophages sachant la langue de l'Éthiopie.
XX (p275) : Lorsque les Ichthyophages arrivèrent d'Éléphantine auprès de Cambyse, il les envoya en Éthiopie, leur prescrivant ce qu'il auraient à dire; ils emportèrent des présents : un vêtement de pourpre, un collier d'or contourné, des bracelets, un vase d'albâtre rempli de myrrhe et un tonneau de vin de palmier. On dit des Éthiopiens qu'ils sont les plus grands et les plus beaux de tous les hommes; ils ont, ajoute-t-on, des coutumes différentes de celles des autres contrées, et notamment celle-ci, concernant le pouvoir royal. Il le donne à celui des citoyens qui surpasse les autres par sa stature, pourvu que sa force réponde à sa grande taille; voilà celui qu'il juge digne d'être roi.
XXI (p276) : Les Ichthyophages, à leur arrivée chez ce peuple, donnèrent au roi les présents et lui parlèrent en ces termes : "Cambyse, roi des Perses, désirant être ton ami et ton hôte, nous a chargés de conférer avec toi; il t'offre en présent ces objets, dont il se plait lui-même à faire usage." L'Éthiopien, comprenant qu'ils étaient venus comme espions, leur répondit : "Le roi des Perses ne vous a pas envoyés pour m'apporter des présents, par désir de s'assurer mon alliance, et vous ne dites point la vérité. Votre but est d'espionner mon royaume, et cet homme n'est pas juste. En effet, s'il l'était, il n'eut pas convoité d'autres provinces que les siennes; il n'eut point réduit à la servitude des hommes par qui jamais il n'a été offensé. Maintenant, portez-lui cet arc et répétez-lui ces paroles : "Le roi des Éthiopiens donne ces conseils au roi des Perses : lorsque les Perses tendront, aussi facilement que je le fais, des arcs de cette grandeur, ils pourront pourvu qu'ils soient très nombreux, attaquer les Éthiopiens-Macrobes. Jusque-là, qu'ils rendent grâce aux dieux de ce qu'ils n'ont pas inspiré aux fils des Éthiopiens l'ambition d'ajouter d'autres terres à la leur propre."
XXII (p277) : En achevant ces mots, il détendit l'arc et le remis aux envoyés; ensuite, prenant le vêtement de pourpre, il demanda ce que c'était et comment on l'avait fabriqué. Les Ichthyophages lui ayant appris ce qui concernait la pourpre et la teinture, il répliqua : "Vous êtes des hommes trompeurs, vos vêtements sont trompeurs aussi." Puis il les questionna sur le collier et les bracelets. "C'est chez nous, dirent-ils, une parure"; alors le roi, riant et feignant de croire que c'étaient des entraves, leur déclara que, chez ses peuples, on se servait d'entraves autrement fortes. La myrrhe fut l'objet de sa troisième question, et, quand il lui en eurent expliqué la fabrication et l'usage, il leur répéta les mêmes paroles que pour les vêtements. Finalement, il arriva au vin, s'informa de la manière dont on le faisait et, tout réjoui de ce breuvage, demanda de quoi le roi se nourrissait et quelle était, chez les Perses, la plus longue durée de la vie. "Notre roi, répondirent-ils, mange du pain"; après quoi ils décrivirent la nature du blé, et ajoutèrent qu'en Perse, le terme d'une longue vie était quatre-vingts ans. "Il n'est pas surprenant, s'écria l'Éthiopien, que des hommes, se nourrissant d'une pareille ordure, vivent si peu d'années; ils ne pourraient pas même aller si loin, sans ce breuvage qui les soutient." C'est le vin qu'il indiquait tout en parlant, et, sur ce point, il convenait que les Perses avaient la supériorité.
XXIII (p277) : Les Ichthyophages, à leur tour, interrogèrent le roi sur la durée de la vie et sur le régime des Éthiopiens : Il leur dit que la plupart atteignaient cent vingt ans et que quelques-uns allaient au-delà; qu'ils mangeaient des chairs bouillies et buvaient du lait. Comme ils se montraient étonnés de ce grand âge, il les conduisit à une fontaine d'où, après s'être baignés, ils sortirent plus luisants, comme si c'eût été de l'huile; en outre ils exhalaient une odeur de violette. L'eau de cette fontaine est si légère qu'au rapport des espions, rien n'y peut surnager, pas même le bois, pas même ce qui est moins pesant encore; tout ce qu'on y jette va au fond. Si cette eau est véritablement telle que le disent les Éthiopiens, peut-être vivent-ils si longtemps parce que, pour toutes choses, ils en font usage. De la fontaine, ils menèrent les envoyés à la prison, où tous les prisonniers sont retenus par des entraves d'or; en ce pays, l'airain est de tous les métaux le plus rare et le plus estimé. Lorsqu'on leur eut montré la prison, on leur fit voir ce qu'on appelle la table du soleil.
XXIV (p278) : En ce dernier lieu, ils visitèrent les sépulcres qui, dit-on, sont construit de cristal (le feldspath), comme je vais le décrire. Quand on a desséché le cadavre, soit à la manière des Égyptiens, soit tout autrement, n'importe, on l'enduit de plâtre et on le peint, en reproduisant, autant que possible, les traits du défunt. Ensuite, on l'enferme dans une colonne de cristal que l'on a creusée; cette matière abonde chez eux et est facile à travailler. On voit le mort au centre de la colonne transparente; il ne répand aucune odeur incommode et n'a rien de choquant. On le voit tout entier, semblable à ce qu'il était. Les plus proches parents gardent dans la maison la colonne pendant un an. Ils lui font des offrandes de leurs prémices et de leurs victimes. Après ce délai, on la transporte dans les sépultures de la ville.
XXV (p279) : Les espions, ayant tout vu, s'en retournèrent; lorsqu'il eurent fait leur rapport, Cambyse, transporté de colère, marcha soudain contre les Macrobes, sans ordonner d'approvisionnement de vivres, sans réfléchir qu'il allait se rendre en la contrée de la terre la plus lointaine. Il partit dès qu'il eut ouï les Ichthyophages, comme un insensé, comme un frénétique, ordonnant aux Grecs qui se trouver en Égypte d'y demeurer, et prenant avec lui toutes ses troupes de pied. Arrivés à Thèbes, il détacha de l'armée environ cinquante mille hommes, et les chargea de réduire les Ammoniens en esclavage, puis de brûler l'oracle de Jupiter. Lui-même, avec le reste de ses forces, continua de s'avancer vers l'Éthiopie; mais, avant que l'armée eût fait la cinquième partie du chemin, subitement, tout ce qu'on avait emporté de vivres vint à manquer; après les vivres, les bêtes de somme, que l'on mangea, manquèrent. Si Cambyse, en voyant cela, était revenu sur sa résolution, s'il avait ramené ses troupes en arrière, malgré sa première faute, il eût été un homme sage. Il ne tint aucun compte de ces circonstances et il alla en avant. Les soldats, aussi longtemps qu'il purent arracher quelque chose de la terre, se soutinrent en se nourrissant d'herbes; cette ressource leur échappa quand il arrivèrent aux sables; alors quelques-uns d'entre eux commirent une action horrible : ils tirèrent au sort et mangèrent un homme sur dix. Le roi le sut et craignit de les voir s'entre-dévorer; il renonça donc à son expédition contre l'Éthiopie, commanda la retraite et revint à Thèbes, après avoir perdu la plupart des siens. De Thèbes, il descendit à Memphis et permit aux Grecs de s'embarquer. Voilà ce que fit l'armée dirigée contre l'Éthiopie.
XXX (p282) : Cambyse, si l'on en croit les Égyptiens, à cause de cet attentat, devint aussitôt fou, et auparavant il n'était déjà pas très sensé. Sa première cruauté atteignit Smerdis, son frère de père et de mère; il l'avait renvoyé d'Égypte en Perse, par envie, parce que seul de tous les Perses il avait tendu de deux doigts l'arc des Éthiopiens, apporté par les Ichthyophages; nul autre n'en avait pu faire autant.
XCIV (p324) : Darius, frère de Cambyse divise son territoire, la Perse en 20 gouvernements qui paient l’impôt. "Les Paricaniens, les Éthiopiens d'Asie, dix-septième nome, quatre cents talents".
XCVII (p325) : Il n'en est point exigé non plus (d'impôt) des Éthiopiens limitrophes de l'Égypte, de ce que subjugua Cambyse, en marchant contre les Macrobes; mais ils apportent des présents. Ces peuples habitent les alentours de la sainte Nysa, et ils célèbrent les fêtes de Bacchus; ils sèment, ainsi que leurs voisins, les mêmes graines que les Calantiens de l'Inde; ils ont des demeures souterraines et apportent, les uns et les autres, le même don tous les trois ans; ils donnent encore de mon temps deux chénices d'or purifié, deux cents troncs d'ébéniers, cinquante jeunes Éthiopiens et vingt grandes dents d'éléphant.
CI (p327) : Tous les Indiens que je viens d'énumérer s'accouple aussi publiquement que des bestiaux, leur couleur est approchant celle des Éthiopiens. La semence qu'il émettent avec les femmes n'est pas blanche comme celle des autres hommes, mais noire comme leur peau; tel est aussi la semence des Éthiopiens. Ces indiens habitent loin des Perses du côté du sud-est; ils n'obéissaient en aucune façon à Darius.
CXIV (p334) : Du côté ou la région méridionale du ciel s'incline vers le soleil couchant, l'Éthiopie est la dernière des contrées habitées; elle est riche aussi de beaucoup d'or. Elle produit des éléphants énormes, des arbres sauvages de toute espèce, de l'ébène et des hommes les plus grands, les plus beaux de tous les humains, ceux à qui il est donné de vivre le plus longtemps.

Autre.
VIII (p267) : Ils (les Arabes) nomment Bacchus Orotal, et Venus Alibat.
XXXVIII (p288) : Darius, maître de la couronne, ayant mandé les Grecs qui se trouvaient près de lui, leur demanda pour quelle somme il consentirait à manger leurs pères morts : "A aucun prix", répondirent-ils. Darius ensuite appela les Indiens qu'on nomme Callatiens et qui mangent leurs parents, puis il leur demanda, en présence des Grecs, qu'un interprète tenait au courant de l'entretien, pour quelle somme ils brûleraient leurs pères décédés. Ils jetèrent les hauts cris et le supplièrent de prononcer des paroles de bonne augure.
XL (p301) : Les travaux de Samiens : un tunnel aqueduc pour amener l'eau d'un réservoir jusqu'à la ville, une digue dans la mer autour du port et le plus grand navire que nous ayons jamais vu.
LXXXI (p316) : Après lui Mégabyse proposa en ces termes de confier le gouvernement à l'oligarchie : "Ce que vient de dire Otanès pour abolir la tyrannie, tenez-le dit par moi. Mais, quand il a conseillé de faire passer le pouvoir à la multitude, il s'est éloigné de la saine opinion. En effet rien plus qu'une vaine foule n'est irréfléchi et insolent et il n'est vraiment pas tolérable que des hommes qui veulent se soustraire à l'arrogance d'un monarque, retombent sous l'insolence d'un peuple désordonné. Le tyran, s'il fait quelque chose, sait ce qu'il fait : le peuple ne peut le savoir; comment se serait-il instruit, lui à qui on n'a rien enseigné et qui n'a jamais rien appris de bon ni de convenable? Il se précipite inconsidérément sur les affaires publiques et les pousse, semblable à un torrent d'hiver. Que ce qui veulent du mal aux Perses se servent du peuple; mais nous, élisons une assemblée d'hommes les meilleurs, et donnons-lui la souveraineté. Nous en serons nous-même, et il est vraisemblable que les résolutions les plus salutaires naîtront de la réunion des hommes les plus sage." Telle fut l'opinion de Mégabyse.
LXXXVII (p320) : Œbarès l'écuyer ruse pour que le cheval de Darius hennisse le premier et que celui-ci soit choisit comme roi.
LXXXIX (p322) : …, les Perses disent que Darius était un marchand, Cambyse un despote, et Cyrus un père : le premier, parce qu'il trafiquait de tout; le second parce qu'il était dur et dédaigneux; le troisième, parce qu'il était doux et s'ingéniait en toutes choses pour leur bien-être.
XCIX (p327) : D'autres Indiens, à l'est de ceux-ci, sont nomades et mangent les chairs crues; on les appelle Padéens; ils mettent en pratique, dit-on ces pratiques : lorsque l'un des leurs est malade, si c'est un homme, ses plus proches amis le tuent, disant que, s'ils le laissaient consumer par le mal, ses chairs seraient perdues pour eux; s'avise-t-il de nier qu'il soit malade, ses amis qui ne sont pas de son opinion le tuent et en font grande chère. Si c'est une femme qui est malade, les femmes liées avec elle la traitent de la même manière. Ce peuple sacrifie et mange celui qui parvient à la vieillesse; mais un petit nombre y arrive, car auparavant ils font mourir ceux qui tombent en quelque maladie.
CXVI (p335) : Au nord de l'Europe, l'or évidemment abonde : comment l'obtient-on? Je ne puis en parler avec certitude; on dit, toutefois, que des hommes n'ayant qu'un œil, et dont le nom est Arimaspes, le ravissent à des griffons.


Livre quatrième dédié à la muse Melpomène. (p363)

Éthiopie.
CLXXXIII (p460) : Les Garamantes chassent en chars à quatre chevaux les Troglodytes Éthiopiens; ces Troglodytes sont, de tous les hommes, les plus agiles à la course dont nous n'ayons jamais ouï parler. Les Troglodytes se nourrissent de serpents, de lézards, de reptiles de toutes sortes; ils n'ont point, comme ailleurs, de langage, mais de petits cris semblables à ceux de la chauve-souris.
CXCVII (p467) : (En Libye). Les Éthiopiens et les Libyens sont autochtones et demeurent, ceux-ci au nord, les autres au sud-est. Les Phéniciens et les Grecs sont des nouveaux venus.

Autre.
XIII (p370) : Mais Aristée, fils de Caystrobie, poète épique de Proconnèse, dit qu'inspiré par Phébus, il alla chez les Issédons; au-delà de ce peuple, ajoute-t-il, habitent les Arimaspes hommes qui n'ont qu'un œil; au-delà de ces derniers, sont les Griffons, gardiens de l'or, et encore au-delà, les Hyperboréens, qui vont jusqu'à la mer.
XXIII (p375) : Lorsque l'on a traversé une vaste part de ce pays raboteux, on arrive au pied de hautes montagnes, chez un peuple où, dit-on, tout le monde est chauve de naissance, hommes et femmes pareillement; ils sont camus et ont le menton très fort; leur langage leur est propre; ils portent le costume Scythique et vivent de leurs arbres…. On les appelle Argippéens.
XXVI (p376) : Les Issédons observent, dit-on, les coutumes suivantes : lorsque le père de l'un d'eux est mort, tous les parents amènent des brebis; ensuite, après les avoir sacrifiées et dépecées, ils dépècent aussi le père de leur hôte; ils mêlent toutes ces chairs et font un festin. Cependant ils épilent la tête, ils la nettoient, en dorent l'extérieur, et s'en servent comme d'une idole à qui tous les ans ils offrent de grands sacrifices.
XLII (p384) : Le roi Nécos envoya pour la première fois un bateau faire le tour de l'Afrique, et il a bien passé le cap de Bonne-Espérance.
XCIV (p412) : Voici comment ils (les Gètes) se croient immortels, ils imaginent que celui qu'ils perdent ne meurt pas, mais va retrouver le dieu Zalmoxis, que quelques-uns estiment être le même que Gébéléizis. Tous les cinq ans ils envoient l'un d'eux, qui est désigné en agitant les sorts, auprès de Zalmoxis pour lui exposer leurs besoins. Ils le dépêchent de cette manière : les uns se rangent tenant trois javelots, les autres saisissent les mains et les pieds du messager; puis ils le lancent en l'air de manière qu'il retombe sur les dards; s'il expire transpercé, c'est, selon eux, qu'il est agréable à Zalmoxis; s'il ne meurt pas, ils s'en prennent à lui-même; ils disent que c'est un méchant homme, et, pour remplacer celui qu'ils accusent ainsi, ils en expédient un autre à qui ils donnent leurs instructions pendant qu'il est encore en vie. Ces mêmes Thraces tirent vers le ciel des flèches au tonnerre et aux éclairs, et menacent ainsi le dieu; car ils ne pensent pas qu'il existe un autre dieu que le leur.
CIII (p418) : Voici les coutumes des Taures : ils sacrifient de la manière suivante, à la vierge, les naufragés et ceux des Grecs qu'ils saisissent jetés sur leurs rivages. Les premiers rites accomplis, ils frappent d'une massue la tête de la victime. Quelques-uns ajoutent que, du haut de l'escarpement (car le temple est situé sur une hauteur, à pic), ils précipitent le corps, et qu'ils plantent la tête sur un poteau. D'autres sont d'accord avec ceux-ci sur ce que l'on fait de la tête, mais ils disent qu'on enterre le corps et qu'on ne le précipite point du haut de la roche. Cette divinité à laquelle ils sacrifient est, Iphigénie, fille d'Agamemnon. Quant aux prisonniers qu'ils font à la guerre, celui qui a pris un homme lui coupe la tête, et, l'emportant en sa maison, il l'a place sur une grande perche qu'il dresse, et qui dépasse de beaucoup son toit, sa cheminée même. Leur idée est que ces têtes, ainsi exhaussées, veillent sur la famille; ils vivent de la guerre et de la piraterie.
CIV (p418) : Les Agathyrses sont les plus délicats des hommes; ils portent surtout de l'or; les femmes, chez eux, sont en commun, afin qu'ils soient tous frères, et qu'étant si proches, ils n'éprouvent les uns contre les autres ni haine ni envie. Pour le reste de leurs usages, ils ressemblent aux Thraces.
CV (p419) : Les Scythes et les Grecs établis en Scythie affirment qu'une fois par an chacun des Neures devient loup pendant peu de jours, et reprend ensuite sa forme.
CVI (p419) : Les Androphages ont de tous les hommes les mœurs les plus farouches; ils ne connaissent point la justice et n'observent aucune loi. Ils sont nomades et portent le costume Scythique; ils ont une langue à eux propre, et, seuls de tous les peuples, ils sont anthropophages.
CLXXII (p455) : Pour commencer, lorsqu'un Nasamon se marie, l'usage veut que la première nuit l'épousée passe de l'un à l'autre des convives et se livre à tous; chacun de ceux qui ont eut commerce avec elle lui fait un présent qu'il a eu soin d'apporter de sa demeure.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire